Nos deux yeux sont distants d’à peu près 6cm. Ils transmettent donc chacun une image vue sous un angle très légèrement différent. Le cerveau visuel est capable d’additionner, de « fusionner » ces deux images sous forme d’une image en 3 dimensions, ou stéréoscopique (vision « 3D »). Ceci nous permet la vision en relief.

Cette vision binoculaire est le degré le plus perfectionné de tous les systèmes visuels, mais aussi le plus fragile. Elle se développe durant les six premiers mois de vie. Le moindre incident dans son acquisition fera perdre définitivement cette faculté, le patient ayant une vision monoculaire alternée.

Son établissement nécessite

  • Des orbites frontalisés (tournés vers l’avant) de manière que le champ visuel de chaque œil recouvre une partie du champ visuel de l’autre (à la différence des poissons qui ont des yeux en position latérale). Cette partie commune est le champ visuel binoculaire, dans lequel la vision sera effectivement binoculaire.
  • Une vision identique des deux yeux, de bonne qualité.
  • Une oculomotricité harmonieuse, qui permet de guider, de manière coordonnée, l’axe de vision de chaque œil vers ce que l’on souhaite regarder
  • L’établissement par le cerveau visuel d’une carte de correspondance entre les deux yeux. Un neurone (appelé binoculaire) du cortex visuel va unir les fovéas des 2 yeux. D’autres feront de même pour toutes les autres régions rétiniennes correspondant aux mêmes directions visuelles des 2 rétines. On appelle cela la correspondance rétinienne normale (CRN). Elle s’établit ou non durant les premiers mois de vie.
  • L’apparition d’un réflexe dit « de fusion ». Il permet de verrouiller les axes visuels de chaque œil sur l’objet visuel que l’on veut regarder, et ce, malgré les mouvements de cet objet latéralement mais aussi en profondeur (loin/près) et les mouvements de notre propre corps. Il agit comme un aimant pour les axes visuels des deux yeux, mais sa force est variable et il peut se rééduquer.
  • On peut chiffrer la qualité de la vision binoculaire par des tests stéréoscopiques (3D), en « secondes d’arc »… au même titre que l’on chiffre l’acuité visuelle en 1/10e. Les tests les plus souvent utilisés sont le test de Lang et le TNO. Bien d’autres existent.